Entretien de Mme. Catherine Colonna avec "France Info" - 20 mars 2006

Q - Une large majorité de Français se sent européenne, c’est ce que montre l’enquête eurobaromètre rendue publique aujourd’hui et commandée par la Commission européenne. Neuf mois après le rejet par référendum de la Constitution européenne, une majorité de Français considère que l’Europe a des effets positifs dans le domaine du transport aérien, de l’environnement ou de la formation. Par contre, les Français rendent l’Europe responsable de la hausse du coût de la vie, de la dégradation de l’emploi et de la situation du monde agricole. Réaction de Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes :

R - Du côté positif, les Français sont attachés à la construction européenne. Ils voient bien que tous les Européens ont des valeurs communes qui les distinguent du reste du monde, donc que cela veut dire quelque chose d’être Européen. Ils reconnaissent aussi ce que l’Union européenne leur a apporté dans le domaine de la sécurité, de l’environnement, du grand marché, et pour lutter contre certains effets négatifs de la mondialisation. Et puis il y a une insatisfaction plus globale : ils pensent que l’Europe n’a pas fait assez pour l’emploi et le social. Tous les gouvernements successifs n’ont pas assez parlé d’Europe. Il faut donc le faire davantage et il faut davantage associer le Parlement, tous les élus, les collectivités locales, les syndicats. Tout le monde a un rôle à jouer pour dire ce que fait l’Europe concrètement, en bien ou en moins bien, mais il faut en parler.

Q - Ces parlementaires européens, parmi lesquels vous étiez à Strasbourg aujourd’hui, devaient se pencher sur un texte visant l’élargissement. Et parmi ce que révèle cette enquête sur l’opinion des Français de l’Europe, il y a justement cette méfiance vis-à-vis de l’élargissement de l’Union européenne.

R - Oui, on l’a bien senti depuis quelque temps, et pas seulement en France. Là aussi, je voudrais battre en brèche certaines idées reçues. L’élargissement a été un succès, nous en bénéficions d’ores et déjà. Nos exportations ont été multipliées par quatre en dix ans vers ces pays ! C’est de l’activité, c’est de l’emploi. Nous avons pu trouver, de plus, un accord sur le budget européen au mois de décembre qui permet d’assurer des transferts de solidarité vers nos nouveaux partenaires. Cela leur permettra de se développer. On ne veut pas qu’il y ait de dumping social en Europe.

Q - Quand vous parlez du succès de l’élargissement, ce sur quoi s’interrogent les Français et ce sur quoi s’interrogeaient les députés européens aujourd’hui, c’est sur le maintien du rythme de l’élargissement dans les années qui viennent ?

R - La France a souhaité qu’il y ait un débat au Conseil européen, je dirais enfin un débat au niveau le plus élevé ! Il faut parler de ces questions davantage qu’on ne l’a fait là aussi : savoir ce qu’est l’identité européenne, les critères que nous demandons de respecter aux pays qui veulent nous rejoindre, mais aussi ce que nous, nous pouvons absorber comme nouveaux Etats membres. Ce débat se fera à partir du mois de juin./.

Dernière modification : 24/05/2006

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