Entretien de Mme Colonna avec le quotidien "L’Est Républicain" - 8 mai 2006

Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes, avec le quotidien "L’Est Républicain", le 8 mai 2006.

Q - Dans une actualité troublée, l’Europe fait quand même la fête ?

R - C’est aujourd’hui le 20ème anniversaire de la fête de l’Europe. Un événement qui est fêté dans toute l’Europe et en France aussi avec des concerts partout, des expositions, des débats. A Nancy, on discutera de mobilité transfrontalière. A Besançon, des jeux seront organisés pour les scolaires. A Marville, dans la Meuse, une chorale interprétera l’hymne à la joie à 18 heures, comme dans de très nombreuses villes en France. A Paris, la Tour Eiffel et même le Tiercé seront aux couleurs de l’Europe.

Q - Pourquoi le 9 mai ?

R - C’est le 9 mai que le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Robert Schuman, a fait sa déclaration historique qui a lancé l’aventure européenne. Cette journée est l’occasion de prendre un peu de recul, de voir comment l’Europe s’est construite et ce qu’elle nous a apporté. Moi je n’ai pas l’Europe honteuse, je sais qu’elle nous a apporté la paix, la démocratie et une plus grande prospérité. L’Europe est une chance. Et parce qu’un travail remarquable a déjà été fait, on a envie de l’améliorer. 20 ans, c’est un bel âge pour fêter ça ! Des initiatives spontanées sont apparues partout dans les régions, preuve qu’il y a aussi beaucoup d’énergie positive sur ces questions européennes.

Q - Sans parler du 29 mai, le dernier baromètre du moral des Européens montre pourtant que beaucoup ne voit pas l’Europe en rose ?

R - On ne peut pas nier qu’une distance est apparue entre les citoyens et le projet européen. Il faut reconstruire une relation de confiance. La leçon qui a été tirée de tout cela c’est qu’il faut donner la priorité à une Europe plus concrète que nous avons baptisée l’Europe des projets. Sachant bien que la question des institutions reste entière. Il faut une Europe qui réponde mieux aux attentes en matière de développement économique, de sécurité, d’éducation, de recherche... On dit toujours que l’Europe ne va pas bien. Pourtant elle tient le cap : on a voté le budget, on a développé les politiques de recherche et d’innovation, on a doublé les bourses Erasmus pour les jeunes et on vient de poser les bases d’une politique européenne de l’énergie.

Q - Savoir dire merci. Demain, le président de la Commission européenne va faire des propositions dont une concerne un engagement de mettre fin au double langage que pratiquent les gouvernements vis-à-vis de l’Europe, et qui trouble les citoyens, à qui on laisse croire que tout est de la faute de l’Europe, vous seriez prête à y souscrire ?

R - Pour moi, oui parce que je sais que ce sont des enjeux importants et parce que je suis convaincue que l’Europe n’existe pas de façon abstraite, qu’il faut la nourrir de projets, d’ambitions collectives. Pour ce 9 mai, nous lançons d’ailleurs aujourd’hui, le premier grand débat en ligne sur le site touteleurope.fr.

Q - Et dire la vérité aux citoyens de chaque pays ?

R - Cette question des attentes des citoyens révèle un paradoxe. Aujourd’hui, il n’y a plus un problème sans qu’on dise : Ah ! mais que fait l’Europe ! La santé, les feux de forêt, la sécurité aérienne, etc., Les citoyens demandent donc beaucoup à l’Europe mais ils lui reprochent, en même temps, de se mêler de tout. Il faut trouver un équilibre. C’est aussi un mouvement positif, on espère beaucoup de l’Europe, on en attend quelque chose... Mais il faut que nous, Européens, sachions lui rendre justice... Quand il faut apporter de l’aide aux agriculteurs en difficulté à cause de la grippe aviaire, on lui demande de l’argent alors que ce n’était pas prévu. Elle hésite, on s’en émeut, puis elle accepte de participer au financement. Il serait alors normal de la remercier. Ce n’est qu’un exemple mais on a entendu beaucoup de gens pour demander et peu pour remercier. Il faut être responsable : l’Europe ne vient pas de la planète Mars, l’Europe, c’est nous tous et elle sera ce que nous en ferons !./.

- Voir la page consacrée à "Fête l’Europe", sur ce site

Dernière modification : 19/06/2006

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